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Siège de Valenciennes, 1793

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Siège de Valenciennes, 1793 Empty Siège de Valenciennes, 1793

Message  Laurent Ven 23 Sep - 12:30

Siège de Valenciennes

Selon le récit du soldat et volontaire d'un bataillon de la Charente nommé Desmaret imprimé en l'an II à Paris après avoir été relu par la Société populaire de Compiègne. Ce récit est repris dans l'ouvrage de P. Boissonnade, Histoire des volontaires de la Charente, 1791-1794, Angoulême, 1890 dans les appendices.

« L'armée quitta le camp de Famars le 23 mai après un combat sanglant d'avant-garde dans le bois de Bonne-Espérance et se replia ensuite sur Valenciennes le 26 mai. La municipalité invite toutes les personnes dont les affaires ne les retiennent pas à sortir de la ville, 4 à 500 personnes obéissent à cette invitation le jour même mais le lendemain l'ennemi intercepte la route de Cambrai. On renvoie aussi tous les chariots et les chevaux appartenant à l'armée, à cause de la disette de fourages, mais on garde ceux des particuliers qu'il fallut égorger le troisième jour, on n'épargne que ceux des officiers supérieurs et de la cavalerie au nombre de 117 […]. Les canonniers des remparts reçoivent l'ordre du général Ferrand de ménager leur poudre et de ne pas tirer sur les pelotons d'ennemis qu'ils aperçoivent dans la plaine, afin de ne pas indiquer aux assiégeants le nombre, la position et la portée des batteries. L'ennemi trace ses lignes, établit ses pièces, et le dimanche 26 mai somme la redoute de Marly, faubourg de Valenciennes. Ce poste se trouvait isolé, n'ayant pour appui que les redoutes de Préseaux à droite et les hauteurs du Rolleux à gauche. Cependant le général Beauregard pour encourager les défenseurs de Marly, assure à ses soldats que ce village inquiète plus Cobourg que Valenciennes même, et leur promet, en leur montrant une couche de melons, qu'ils les mangeront là, sur la place, bien que leur maturité soit encore éloignée. Mais malgré ses assurances, la redoute et le village, balayés par les boulets, dominés par les batteries des hauteurs sont évacués dans la matinée, vers onze heures du matin, les Français se replient vers la ville, emmenant leurs pièces. […] contrairement à l'espoir des assiégés, le 14 juin, le général Ferrand et la municipalité reçurent deux sommations du duc d'York, l'une enjoignait à la garnison de rendre la place moyennant une capitulation honorable, l'autre engageait la municipalité à écarter par son influence les malheurs dont Valenciennes était menacée. L'attitude du général Ferrand força les officiers municipaux à une réponse énergique, une quart d'heure après une première bombe partie d'Anzin éclate rue de Tournay. Bien que le bombardement eût été peu dangereux, les trois premiers jours, on craignait la fermentation de la population civile, déjà le 16, un détachement de cavalerie avait dû dissiper un rassemblement considérable de femmes, il se reforma le soir avec le concours d'hommes mornes et sombres qui proféraient des paroles menaçantes. Une députation de femmes va, avec des enfants, se jeter aux pieds des officiers municipaux. Les commissaires de la Convention, surtout Cochon, répondent avec fermeté, au milieu des cris de douleur, une femme interpelle Cochon en ces termes : « Monsieur, quand cesserez-vous donc votre colère sur nous ? » Il est dès lors en butte aux violences de la foule et dans un attroupement, un homme lui porte sur la poitrine la pointe de son sabre : « faut-il pour un étranger, laisser perdre une ville entière ? ». L'attitude résolue des canonniers empêche les habitants de se mutiner, on menace de tourner les pièces contre la ville et désormais tout se borna à des paroles de menaces contre Cochon qui désespéré de son impopularité chercha la mort en allant s'exposer aux boulets sur le rempart de Mons […]. On se prépare à une sortie par la porte de Mons, afin de sonder la tranchée des ennemis, 120 hommes du 29e régiment et tout autant du bataillon de la Nièvre qui en sont chargés sont accueillis par la mitraille et la mousqueterie se replient précipitamment dans le chemin couvert (17 juin). […] Le général Ferrand avait promis une prime de 12 sous pour chaque boulet que les soldats rapporteraient. Quelques jours plus tard un boulet autrichien tombait sur une maison où se trouvait un officier de la Côte d'Or, et on y trouvait un papier avec ces mots : « bon pour 10 sols payables au porteur ». […] Le 18 juin, la place fut assaillie par un feu terrible, qui dura sans interruption de deux heures du matin à 10 heures, les batteries de Famars, Marly et Saint-Sauve font pleuvoir des bombes et des boulets. Les batteries des remparts répondent en démontant quelques pièces aux assiégeants, mais les boulets ennemis avaient criblé beaucoup de maisons. […] le feu se poursuit sans relâche avec des pauses de seulement six heures, Desmaret compte entre 23 heures et 2 heures du matin 723 projectiles […] Le 4e ou 5e jour, la grande église de Saint-Nicolas près des remparts de Marly s'abime dans les flammes, l'arsenal est détruit et avec lui 14 000 fusils, quantité de mèches, de sacs de terre, de pelles et de pioches et d'affût […] La municipalité laisse se former le 22 juin un attroupement de femmes qui demandent du pain […] pendant ce temps le duc d'York pressait l'attaque, mais ses provisions semblaient s'épuiser, il jetait sur la place des boulets de grès pesant jusqu'à 7 livres, et une grande quantité d'obus dont la mèche était trop courte et qui éclataient presque tous en l'air, mais bientôt le feu reprenait avec une nouvelle intensité. Le 5 juillet, un obus français fait sauter un des petits magasins à poudre de l'ennemi et trois tas de bombes avec plus de 150 boulets et quelques hommes. L'ennemi se venge en tirant sur une furie sur l'obusier placé à l'avancée de Saint-Sauve, mais sans l'atteindre. La veille de cette explosion, un boulet autrichien était tombé sur la courtine de Mons, et avait mis le feu à deux ou trois barils de poudre, trois canonniers français sont mis en pièces, et les canons éclatent. Deux canons seulement restent chargés et un canonnier nommé placet au milieu de ce fracas a encore le sang-froid de les pointer et de les décharger afin dit-il que l'ennemi ne s'aperçoive pas de l'accident. Cependant depuis le 2 juillet, le feu se ralentit, la nuit du 4 ou 5, douze ou quinze bombes et une vingtaine de boulets seulement tombent sur la ville, mais en revanche, il est terrible sur les palissades, et cette nuit deux compagnies du 29e régiment sont chargées de soutenir les bivacs . Aussi est-on obligé de donner 40 sous par heure à ceux qui vont remplacer les palissades et les remparts et déblayer le pied des bastions. Sur ce point, le ciel est voilé par un épais nuage de fumée et une poussière rougeâtre produite par les briques qu'écrasent les boulets et les bombes. La citadelle n'est plus inquiétée, l'attaque vise évidemment le bastion du côté de Mons. […] L'ennemi souffrait beaucoup dans les tranchées, mais la garnison de son côté, était éprouvée par la privation de viande fraîche, de légumes et de bière. On distribuait aux soldats du vinaigre et de la viande salée, la viande fraîche était réservée aux malades. On avait aussi remplacé le pain par le biscuit, la garnison n'était pas mal nourrie, puisqu'elle avait outre sa ration ordinaire, des légumes secs, du fromage et du lard. Les volontaires partageaient d'ailleurs leur nourriture avec les pauvres femmes voisines de leurs quartiers. Pour les bourgeois, le pain et le vin constituaient la seule nourriture, deux livres de viande faisaient un repas de noce pour toute une famille. L'eau de vie et le vin abondaient dans les magasins, et à son entrée, l'ennemi trouva encore 50 bœufs, 14 000 livres de beurre et une grande quantité d'excellente viande salée. On avait aussi de l'argent en suffisance, le jour de la capitulation, il restait en caisse 1,6 millions en papier et 120 000 francs en numéraire. Les munitions de guerre ne manquaient pas non plus, Monestier directeur de l'Arsenal n'avait accusé d'abord que 600 milliers de poudre au lieu de 750, soupçonné par les patriotes, vivement accusé par Cochon au Conseil de guerre, il se brûla la cervelle le 16 juin, deuxième jour du bombardement. On avait aussi 141 bouches à feu, 67 environ furent prises par l'ennemi, on consomma 540 milliers de poudre, on épuisa la provision de boulets de 24 et les bombes, heureusement on avait ramassé 600 obus lancés par les Autrichiens et les Anglais qui n'avaient pas éclaté [...]Bientôt on ne put douter de la reddition, le 14 juillet une trompette de Custine apporta à Ferrand, l'ordre de laisser sortir la citoyenne Mettiez, femme du rédacteur de l'Argus, qui était grosse et près d'accoucher, à cette lettre était joint un sauf-conduit des Autrichiens qui permettait à la femme de se transporter à son choix dans une ville occupée par eux, telle que Mons, Bruxelles ou Condé. Le lendemain, il y eut une espèce de suspension d'armes pendant que laquelle Anglais et Français se mêlèrent,, on but ensemble, on cause, on s'embrassa. Et on apprit à n'en pas douter, que Condé avait vraiment capitulé. Ce même jour la garnison reçut la nouvelle de l'assassinat de Marat par Charlotte Corday, de l'arrestation des Girondins et de la Révolte de Lyon, de Marseille et de Bordeaux. A 11 heures, le 15 juillet, après un court intermède, la garnison commença une furieuse canonnade contre les assiégeants, ceux-ci d'après les rapports d'un déserteur auraient perdu 2 000 hommes tués et blessés […] De plus le 20 juillet, un prisonnier franc-comtois parvenu à s'évader et qui avait pénétré dans la ville malgré les sentinelles, donna des détails précis sur les travaux des assiégeants, le nombre de soldats et de travailleurs, il apprit aux Français que les ennemis cherchaient à faire sauter les mines de la place en creusant trois contre-mines auprès des palissades, au lieu d'attaquer directement les chemins couverts. Ce même prisonnier annonça aux assiégés la capitulation de Dunkerque, la fuite de Marie-Antoinette et d'autres fausses nouvelles. D'après ces renseignements on résolut le 21 juillet de jeter des cominges, pour crever le terrain des galeries et y étouffer les travailleurs, mais cette opération n'eut pas de succès. On débourra les mines pour juger si l'ennemi travaillait, maison n'entendit rien. On commença deux galeries en diagonale que l'on n'eut pas le temps d'achever, déjà la garnison était si près des fourneaux de l'ennemi, que le jeu des globes de compression ensevelit le 25, deux ou trois mineurs français dans ces galeries […] Le 23 et le 24 juillet 1793, les tranchées ennemies battent les remparts avec furie, une nouvelle batterie placée à la droite d'Anzin prend en écharpe les bastions, démontant les pièces, tuant les canonniers. Les nuits du 22, 23 et 24, des tirailleurs tentent d'enlever les palissades d'où ils sont repoussés par un feu nourri, mais la véritable attaque est réservée pour le 25 juillet. Ce jour-là à 10 heures du soir, un feu général est dirigé contre la place, tout est en mouvement dans le camp des alliés. Le réduit de la citadelle est battu par deux mortiers, et les palissades par la mousqueterie et des grenades. Ce bruit est destiné à couvrir la véritable attaque qui se porte sur les ouvrages de Mons, où la garnison a fortifié les postes et les réserves, et dirige sur la plaine une vive fusillade. Tout à coup l'explosion de trois globes de compression fait sauter deux places d'armes des assiégés, chacune de 50 hommes, l'explosion creuse des trous d'une profondeur énorme et 6 000 bottes de foin auraient à peine suffi à les combler, dit Desmaret. La palissade est éventrée, et l'ennemi s'y précipite en poussant des cris affreux et les cris de « Tue, tue, Weich patriote (vilain patriote) » les soldats français froissés de leur chute et couverts de terre » cherchent à se réfugier dans les réserves qu'ils trouvent déjà occupées par leurs adversaires. « Les braves soldats de la Côte d'Or, de la Charente, des Deux-Sèvres se battent vaillamment en se repliant sur les poternes suivis par les assaillants, les fossés se comblent de cadavres entassés. On ferme l'une des portes, de peur que l'ennemi n'y pénètre avec les fuyards, plusieurs de ceux-ci se font monter par les brêches, d'autres errent dans les fossés jusqu'au lendemain, ils n'évitent la mort qu'en se couchant au milieu ou dessous les cadavres : un soldat du 29e d'infanterie, légèrement blessé, se sauva ainsi, fut dépouillé parce qu'on le crut mort, et rentra tout nu dans la ville. Au moment de l'assaut les mineurs étaient absents, les mines qui auraient pu retarder l'ennemi, restèrent intactes. L'artillerie du rempart se tut, au lieu de protéger les soldats et de foudroyer le glacis. Les batteries étaient abandonnées, et les sentinelles seules, restaient au bastion Poterne et à la courtine. Le bastion Cardon et celui du magasin au bois où étaient les canonniers bourgeois tirèrent sur le flanc de l'ennemi et incommodèrent de leur mitraille les assaillants. La prise des palissades cause dans la ville une profonde émotion, on cria à la trahison, on incrimina la lâcheté des défenseurs de l'ouvrage. […] mais les alliés après avoir dépouillé les morts se retirèrent dans leurs ouvrages à cornes de Mons, ils évacuèrent d'autres postes, Beauregard, le lendemain, leur enleva trois ou quatre et même le chef du génie Tholosé, se faisait fort le 25 à minuit avec un seul bataillon, de leur reprendre le chemin couvert et le bastion de Mons (une proposition de capitulation du Duc d'York met en émoi la ville et ses défenseurs) […] une délibération du Conseil de guerre conclut favorablement le 26 juillet à une capitulation honorable, avec les honneurs de la guerre et de le droit d'emmener l'artillerie de la place, la sûreté pour les habitants, l'exemption de corvées militaires, le maintien des tribunaux et administrations locales, la sécurité des biens et circulation de la monnaie locale. Le 27 juillet la capitulation est décidée : « les habitants les cinq jours suivants, nous donnèrent le spectacle de la contre-révolution, on enlève le drapeau tricolore du beffroi, on coupe l'arbre de la Liberté, les cavaliers bourgeois voltigent par les rues et sur la place, bien, braves, surtout bien frais après 42 jours de séjour dans les caves, leur est telle qu'un plaisant du 1er bataillon de la Charente ne peut s'empêcher de demander au milieu des rires : « si l'on ne trouve pas que cette cavalerie sent le moisi ? », ces jeunes gens foncent le sabre haut, sur les citoyens désarmés porteurs de cocardes tricolores, et les enlèvent aux soldats timides pour subir les exigences que l'ennemi lui-même n'avait pas, le prince de Lambesc qui paraît sur place est acclamé sur son passage par les femmes, il sermonne les habitants sur leurs folies passées et leur distribue quelques écus, en leur recommandant d'être plus sages à l'avenir, ces scènes honteuses avaient lieu en présence de la garnison qui conservait encore la garde et la police de la ville, mais les soldats étaient affaissés et sans énergie, les commissaires sans pouvoir, le général Ferrand sans initiative, ce dernier, adoré pour sa douceur et sa bonté ne voulait pas à 71 ans faire fonction de grand prévôt, ce fut une faute que de rester encore à Valenciennes quatre jours, car la fermentation croissait, le général Boileaud était assailli par un misérable qui, lui appuyant une épée sur le coeur, voulait le forcer à quitter sa cocarde. Malgré les dispositions précises de la capitulation, une foule d'officiers ennemis et émigrés entraient en ville et insultaient les patriotes. La garnison était à merci d'un mouvement populaire, on parlait d'immoler les deux conventionnels sur les ruines des maisons saccagées, de les garder en otage pour réclamer des indemnités ou se garantir d'un second bombardement cette fois de la part des Français. La veille de leur départ, la nuit, le fils du maire, les recherchait dans les maisons qu'ils fréquentaient, on arrêta les secrétaires, mais heureusement le plus menacé, Cochon, se trouvait en sûreté dans la citadelle, enfin le 1er août la garnison de Valenciennes sortit de la ville par la porte de Cambrai et défila entre deux haies de cavalerie et d'infanterie des armées alliées […] Cochon qui se trouvait dans les rangs du 29e régiment, passa sans être remarqué, Briez désigné par le fils du maire, fut un moment arrêté, et mis aussitôt en liberté sur l'ordre du duc d'York qui lui fit ses excuses en ajoutant : « Monsieur, ce sont vos compatriotes qui vous ont vendu ! ».

Les Français déposèrent les armes à la briquette, la garnison avait été réduite de moitié, de 10 000 à moins de 5 000 hommes.

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