Bataillon des Antilles
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SEHRI : de 1789 à 1815 - association loi 1901 :: Histoire militaire 1788 à 1816 :: Les volontaires :: Corps francs, légions et corps spéciaux
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Bataillon des Antilles
Bonjour
En consultant la biographie de quelques officiers emblématiques qui ont mené la lutte abolitioniste de l'esclavage en Guadeloupe, je tente vainement de reconstituer les différentes phases de création du bataillon des Antilles :
- Mars 1794 : prise de la Martinique par les Anglais qui "déportent" les défenseurs républicains en Angleterre. Parmi eux, un martiniquais, Louis Delgrès (1766-1802) est probablement issu de la garnison. D'après Frédéric Berjaud, le 2e bataillon du 30e RI (ex Perche) est envoyé à la Martinique en 1794.
- Un an plus tard, Delgrès est de retour sur l'île via la Métropole (il a donc été libéré ...) avec le bataillon des Antilles. Pour la seconde fois, il est fait prisonnier (en 1796), traverse l'Atlantique pour rejoindre les geoles insulaires. Libéré en 1797, il retrouve la France.
En 1799, il est mis en route pour la Guadeloupe où il débarque en 1799. Nommé chef de bataillon, mais révolté par l'attitude esclavagiste du pouvoir local, il prend la tête de l'insurrection qui se trouve opposée aux troupes du général Richepance : en mai 1802, il se fait "sauter" avec quelques centaines de partisans.
- Magloire Pelage, esclave guadeloupéen avant 1794, chef de bataillon en 1796 est blessé en combattant les Anglais puis interné en Angleterre.
Echangé en 1797, il est d'abord affecté dans diverses garnisons avant de prendre la tête d'un détachement d'hommes de couleur rentré des Antilles. Muté avec ses hommes sur l'île d'Aix, il y est nommé chef de brigade (1799) avant de partir avec Delgrès et ses troupes pour la Guadeloupe.
- Antoine Despujol, natif de Gironde, (peut-être marin, peut-être déserteur ?), est instituteur dans une commune de Loire-Inférieure en l'an V (sept 1796-sept 1797) où il est dénoncé comme suspect. Il est qualifié de "déporté de la Martinique".
Quelques années plus tard, entre 1799 et 1801, lui aussi se dit libéré des prisons anglaises : il se dit toujours "déporté de la Martinique" mais, sa situation étant confuse aux yeux des autorités qui appliquent les instructions de surveillance des anciens prisonniers, il est arrêté.
Pour finir, tous ces mouvements entre les Antilles et l'Europe me semblent se superposer : n'y aurait-il pas un mélange chronologique ?
Je trouve surprenant la "rapidité" et la "liberté" avec laquelle s'effectuaient tous ces changements : captifs, embarqués, emprisonnés, échangés, embarqués, débarqués en France, embrigadés, rembarqués, etc
Qui aurait une idée ou des sources sur ces diverses formations antillaises ? Je pense que Didier pourrait nous éclairer car c'est un de ses sujets préféré.
D'avance, merci.
En consultant la biographie de quelques officiers emblématiques qui ont mené la lutte abolitioniste de l'esclavage en Guadeloupe, je tente vainement de reconstituer les différentes phases de création du bataillon des Antilles :
- Mars 1794 : prise de la Martinique par les Anglais qui "déportent" les défenseurs républicains en Angleterre. Parmi eux, un martiniquais, Louis Delgrès (1766-1802) est probablement issu de la garnison. D'après Frédéric Berjaud, le 2e bataillon du 30e RI (ex Perche) est envoyé à la Martinique en 1794.
- Un an plus tard, Delgrès est de retour sur l'île via la Métropole (il a donc été libéré ...) avec le bataillon des Antilles. Pour la seconde fois, il est fait prisonnier (en 1796), traverse l'Atlantique pour rejoindre les geoles insulaires. Libéré en 1797, il retrouve la France.
En 1799, il est mis en route pour la Guadeloupe où il débarque en 1799. Nommé chef de bataillon, mais révolté par l'attitude esclavagiste du pouvoir local, il prend la tête de l'insurrection qui se trouve opposée aux troupes du général Richepance : en mai 1802, il se fait "sauter" avec quelques centaines de partisans.
- Magloire Pelage, esclave guadeloupéen avant 1794, chef de bataillon en 1796 est blessé en combattant les Anglais puis interné en Angleterre.
Echangé en 1797, il est d'abord affecté dans diverses garnisons avant de prendre la tête d'un détachement d'hommes de couleur rentré des Antilles. Muté avec ses hommes sur l'île d'Aix, il y est nommé chef de brigade (1799) avant de partir avec Delgrès et ses troupes pour la Guadeloupe.
- Antoine Despujol, natif de Gironde, (peut-être marin, peut-être déserteur ?), est instituteur dans une commune de Loire-Inférieure en l'an V (sept 1796-sept 1797) où il est dénoncé comme suspect. Il est qualifié de "déporté de la Martinique".
Quelques années plus tard, entre 1799 et 1801, lui aussi se dit libéré des prisons anglaises : il se dit toujours "déporté de la Martinique" mais, sa situation étant confuse aux yeux des autorités qui appliquent les instructions de surveillance des anciens prisonniers, il est arrêté.
Pour finir, tous ces mouvements entre les Antilles et l'Europe me semblent se superposer : n'y aurait-il pas un mélange chronologique ?
Je trouve surprenant la "rapidité" et la "liberté" avec laquelle s'effectuaient tous ces changements : captifs, embarqués, emprisonnés, échangés, embarqués, débarqués en France, embrigadés, rembarqués, etc
Qui aurait une idée ou des sources sur ces diverses formations antillaises ? Je pense que Didier pourrait nous éclairer car c'est un de ses sujets préféré.
D'avance, merci.
MONTFERME- collatio
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Date d'inscription : 14/09/2010
Age : 61
Localisation : Saint-Rambert en Bugey
Re: Bataillon des Antilles
La situation des Antilles est en effet assez cahotique durant la Révolution si laMartinique une fois prise reste aux mains des Anglais jusqu à la Paix d' Amiens, à Saint Domingue comme à la Guadeloupe et autres iles annexes , les territoires sont pris et repris....
Pour la Guadeloupe
L’EXPEDITION DE RENFORTS DE LA METROPOLE ET LA REPRISE DE L’ILE
Lorsqu' une petite expédition de renfort prenait la mer de l’ île d' Aix le 23 Avril 1794, elle ignorait que la Guadeloupe était à l'ennemi. Avec les deux commissaires de la Convention : Pierre Chrétien et Victor Hugues , il y avait un millier d' hommes d' un bataillon de sans culottes ( sic) ( note 2), une guillotine, et le décret de libération des esclaves voté . Trois symboles de ce que le terrible Victor Hugues allait bouleverser dans les Antilles: la situation militaire, la situation politique, la situation sociale.
Note 2 :le » bataillon des sans culottes » était formé avec des troupes disparates dont le 1er bataillon de chasseurs des Pyrénées Occidentales sous les ordres du chef de bataillon Boudet, d’ une compagnie d’ infanterie et deux compagnies d' artillerie aux ordres du capitaine Pelardy. On notait aussi la présence des généraux Aubert et Rouyer et de l’ adjudant général Cartier. La petite flotille qui portait les troupes était commandée par le capitaine de vaisseau Leissegues.
Arrivé le 1er Juin en vue de la Désirade , les Français apprennent la chûte de la Guadeloupe. Malgré que les ordres indiquent dans ce cas un repli sur les Etats Unis, et contre l’avis de tous, Victor Hugues décide de débarquer. Avec sa poignée d' hommes et 200 marins et en 4 jours, il s' empare de Pointe à Pitre et de son port, et Aubert, par surprise, du fort "Fleur d’ Epée", et s' y retranche transformant la ville en arsenal et camp militaire . Il va véritablement lever une armée de terre !
Proclamant le décret d' abolition de l'esclavage, il décide de former immédiatement deux bataillons d' hommes de couleurs qu’ il fait encadrer par des hommes du batataillon des "Sans Culottes", organise des compagnies d' artillerie, de sapeurs, de dragons .
« Beaucoup ont pris le parti des armes et se sont montrés dignes de combattre pour la liberté. Vous verrez par l’état ci joint la perte immense que nous avons fait en hommes. J’ai pris le parti de former trois bataillons dans lesquels j’ai amalgamé tous les sans culottes. Ce mélange a produit le meilleur effet possible sur l’esprit des ci devant esclaves. Je leur ai accordé la même paye que les troupes de France dans les colonies. Ils s’exercent deux fois par jour et sont fort adroit au maniement des armes. Ils sont infiniment flattés d’être traités comme nos frères les sans culottes ».
Dès le 10, les Anglais débarquent 2000 hommes à proximité puis font venir des renforts de Martinique et avec l' aides de forces royalistes entament le siège de l' enclave républicaine, en la bombardant journellement .De petites contre offensives françaises sont des échecs mais la place tient, ravitaillée par des barques corsaires.
Un mois plus tard, la situation n'a a guère bougé si ce n 'est que les forces républicaines sont mal en point : les troupes d' origine européenne ravagées par les fièvres. Le commissaire Chretien étant mort ,Rouyer et Cartier aussi, Victor Hugues est le seul maitre à bord. Le 29 Juin, les Anglais lui proposent une capitulation avec les honneurs. Hugues leur répond qu il viendra bientôt, au sens propre, s' occuper de leurs têtes.Puis il destitue Aubert jugé trop « tiède »( il mourra en Juillet)
Les Anglais se lancent le 1er Juillet à l' assaut de Pointe à Pitre après un bombardement intense; leurs colonnes pénètrent dans la ville. Retranchés dans les maisons, les canons chargés à mitraille avec tout ce qui peut se tirer de contondant, les Républicains les fusillent à bout portant. Ils doivent reculer avec des pertes importantes.
Puis du 3 au 4, c' est avec autant peu de succes qu'ils tentent de s' emparer du fort" Fleur d’ Epée" où avec le même acharnement quasi fanatique, les munitions épuisées, les Français résistent.
Les Anglais se replient sur la Basse Terre et fortifient les lignes le long de la Rivière Salée
Ainsi donc Grande Terre voit l'ordre républicain régner à partir de Pointe à Pitre, tandis que sur la Guadeloupe proprement dite à Basse Terre, l' ordre et les institutions royalistes et britanniques sont de rigueur.
Victor Hugues, grace aux corsaires peut se ravitailler et renforce ses troupes. Il est rejoint par les patriotes exilés dans les autres iles. Au mois de Septembre, il a 2000 hommes bien entrainés. Pour la première fois dans les Antilles, des officiers noirs commandent à des Blancs.
N'ayant pratiquement plus d'officiers supérieurs, il nomme le capitaine d ' artillerie Pelardy général ainsi que le chef de bataillon Boudet. Ses effectifs sont cependant très inférieurs à ceux de l'adversaire, bien que les forces anglo -royalistes soient elles aussi touchées par les fièvres.
Comme Danton , il pense que l' audace peut suppléer au nombre pour des Républicains. Dans la nuit du 26 au 27 Septembre ses petites forces en 3 colonnes contournent les forces ennemies par la mer sur des pirogues et encerclent les premières lignes de défense tenues par des Anglo -Royalistes. Un premier assaut républicain est un échec, mais le commandement anglais a pris peur devant l' acharnement républicain et les menaces de décapitation générale de Victor Hugues s' ils ne se rendent pas!.....La flotte et les renforts anglais de Basse Terre du général Prescott ne bougent pas!
Non seulement les Anglais capitulent sur leurs premières lignes , mais ils abandonnent leur alliés royalistes à Victor Hugues…. qui en fait exécuter 900 comme traitres à la République.
Le 11 Octobre, les Républicains marchent sur Basse Terre avec deux canons seulement....Les Anglais sans convictions se retranchent dans les forts. Les Français ayant récupéré le matériel ennemi peuvent organiser des batteries de siège.
Dans la nuit du 10 au 11 décembre une flotte anglaise ( Jervis) apparait...ce n' est pas pour des renforts mais pour évacuer sous le feu des canons républicains le reste des troupes anglaises . Les Français s' emparent d' un immense butin en vivres, matériel et munitions .
Victor Hugues devenu véritable proconsul à la Guadeloupe y commande avec une main de fer, régissant la politique et l’ économie, rétablissant un travail forcé pour les plantations, n' oubliant pas de se servir au passage en particulier dans la guerre de course qu' il monte sur une grande échelle.
Ayant reçu des renforts en 1795,( note 3) Il va lancer des offensives sur les autres iles des Antilles sous contrôle anglais et s' en emparer.
Note 3 : C ’est le 30 Vendémiaire an 3 ( 21 Octobre 1794) que le bataillon de la Réunion ( de Paris) entièrement réorganisé est embarqué pour la Guadeloupe, pour accompagner les commissaires Goyrand et Lebas avec le bataillon des Antilles formé de 500 blancs et 200 hommes de couleur ( dont un certain Magloire Pelage et Delgres), commandé par le chef de bataillon Cottin et une compagnie d’ Artillerie de 120 hommes .
Le bataillon de la Réunion est réparti sur les frégates : l’ Insurgente, l’ Astrée et le Volontaire , la flûte: La Normandie reçut la 8e compagnie.
La Semillante, la Thetis et le Duras reçurent le reste ( 3 compagnies et les canonniers) . On mit la voile le 3 Brumaire.
Le 5 Janvier 1795, le Duras fut capturé avec son équipage et ses passagers . Le reste de l’ expédition atteint Pointe à Pitre le 10 Janvier.
Or, un de ceux qui viennent de débarquer peut lui faire de l’ ombre et il a les mêmes titres que lui: il s’ agit du commissaire Goyrand, car son collègue Lebas totalement inculte et corrompu sera facile à circonvenir ….
Victor Hugues convainc donc Goyrand d’ aller s’ emparer de Sainte Lucie encore sous le contrôle des Anglais.
Ce qu’ il fait le 22 Avril 1795, réduisant les Anglais à une poche de résistance au Morne Fortuné.
Après un siège de deux mois, les Anglais évacuent dans la nuit du 18 au 19 Juin. Goyrand s’ occupant désormais de l’ île reconquise , Victor Hugues a les mains libres en Guadeloupe.
Pendant ce temps, le 11 Avril 1795, le bataillon de la Réunion est envoyé à Saint Martin et y laisse sa 4e compagnie.
Pour combler ses effectifs dispersés en Avril 1795, Victor Hugues requisitionne tous les citoyens de 15 à 30 ans et forme un 4e bataillon de la Guadeloupe à Basse Terre
Dans chaque nouvelle conquête de nouveaux bataillons sont organisés. A la fin de 1795, "son" armée est de 11.000 hommes dans les 8 iles sous controle républicain grace ses méthodes expéditives : Guadeloupe, Marie Galante, Desisrade, St Eutache, St Martin , Grenade, Ste Lucie, St Vincent.
Mais ses methodes brutales ne sont pas toujours appréciées et en Novembre le 2e bataillon de la Guadeloupe se révolte.Il sera mâté.
Victor Hugues pour garder la main fait former une Garde nationale de Blancs et Noirs libres à Base Terre et Pointe à Pitre........
Tandis que les Anglais reprendront les iles unes à une entre 1796 et 1798 ; Victor Hugues reussira à maintenir la Guadeloupe sous drapeau français et sera rappelé en France en Fevrier 1799 où il sera blanchi par le Directoire des accusations de corruptions, violences ,abus d’ autorité et trafics divers dont il s ‘est rendu coupable eu égard des services rendus par ailleurs ( et sans doutes de juteux pots de vin à des directeurs qui n’ étaient pas des saints)
Il sera gouverneur de la Guyane sous l’ Empire .
Biblio :
-Armement des hommes de couleur et Liberté aux Antilles :le cas de la Guadeloupe pendant l’ Ancien Régime et la Révolution F Regent Annales historiques de la Révolution Française Octobre Decembre 2010
-Revue Historique des Armées 1963 N°1 :Martinique, Guadeloupe, Guyane
-Etre patriote sous les tropiques A Perotin Dumont Societe d’ Histoire de la Guadeloupe 1985
- Histoire de la Guadeloupe 1635-1830, MA Lacour, Basse Terre 1855-1860
-Six : dictionnaires des généraux..
Pour la Guadeloupe
L’EXPEDITION DE RENFORTS DE LA METROPOLE ET LA REPRISE DE L’ILE
Lorsqu' une petite expédition de renfort prenait la mer de l’ île d' Aix le 23 Avril 1794, elle ignorait que la Guadeloupe était à l'ennemi. Avec les deux commissaires de la Convention : Pierre Chrétien et Victor Hugues , il y avait un millier d' hommes d' un bataillon de sans culottes ( sic) ( note 2), une guillotine, et le décret de libération des esclaves voté . Trois symboles de ce que le terrible Victor Hugues allait bouleverser dans les Antilles: la situation militaire, la situation politique, la situation sociale.
Note 2 :le » bataillon des sans culottes » était formé avec des troupes disparates dont le 1er bataillon de chasseurs des Pyrénées Occidentales sous les ordres du chef de bataillon Boudet, d’ une compagnie d’ infanterie et deux compagnies d' artillerie aux ordres du capitaine Pelardy. On notait aussi la présence des généraux Aubert et Rouyer et de l’ adjudant général Cartier. La petite flotille qui portait les troupes était commandée par le capitaine de vaisseau Leissegues.
Arrivé le 1er Juin en vue de la Désirade , les Français apprennent la chûte de la Guadeloupe. Malgré que les ordres indiquent dans ce cas un repli sur les Etats Unis, et contre l’avis de tous, Victor Hugues décide de débarquer. Avec sa poignée d' hommes et 200 marins et en 4 jours, il s' empare de Pointe à Pitre et de son port, et Aubert, par surprise, du fort "Fleur d’ Epée", et s' y retranche transformant la ville en arsenal et camp militaire . Il va véritablement lever une armée de terre !
Proclamant le décret d' abolition de l'esclavage, il décide de former immédiatement deux bataillons d' hommes de couleurs qu’ il fait encadrer par des hommes du batataillon des "Sans Culottes", organise des compagnies d' artillerie, de sapeurs, de dragons .
« Beaucoup ont pris le parti des armes et se sont montrés dignes de combattre pour la liberté. Vous verrez par l’état ci joint la perte immense que nous avons fait en hommes. J’ai pris le parti de former trois bataillons dans lesquels j’ai amalgamé tous les sans culottes. Ce mélange a produit le meilleur effet possible sur l’esprit des ci devant esclaves. Je leur ai accordé la même paye que les troupes de France dans les colonies. Ils s’exercent deux fois par jour et sont fort adroit au maniement des armes. Ils sont infiniment flattés d’être traités comme nos frères les sans culottes ».
Dès le 10, les Anglais débarquent 2000 hommes à proximité puis font venir des renforts de Martinique et avec l' aides de forces royalistes entament le siège de l' enclave républicaine, en la bombardant journellement .De petites contre offensives françaises sont des échecs mais la place tient, ravitaillée par des barques corsaires.
Un mois plus tard, la situation n'a a guère bougé si ce n 'est que les forces républicaines sont mal en point : les troupes d' origine européenne ravagées par les fièvres. Le commissaire Chretien étant mort ,Rouyer et Cartier aussi, Victor Hugues est le seul maitre à bord. Le 29 Juin, les Anglais lui proposent une capitulation avec les honneurs. Hugues leur répond qu il viendra bientôt, au sens propre, s' occuper de leurs têtes.Puis il destitue Aubert jugé trop « tiède »( il mourra en Juillet)
Les Anglais se lancent le 1er Juillet à l' assaut de Pointe à Pitre après un bombardement intense; leurs colonnes pénètrent dans la ville. Retranchés dans les maisons, les canons chargés à mitraille avec tout ce qui peut se tirer de contondant, les Républicains les fusillent à bout portant. Ils doivent reculer avec des pertes importantes.
Puis du 3 au 4, c' est avec autant peu de succes qu'ils tentent de s' emparer du fort" Fleur d’ Epée" où avec le même acharnement quasi fanatique, les munitions épuisées, les Français résistent.
Les Anglais se replient sur la Basse Terre et fortifient les lignes le long de la Rivière Salée
Ainsi donc Grande Terre voit l'ordre républicain régner à partir de Pointe à Pitre, tandis que sur la Guadeloupe proprement dite à Basse Terre, l' ordre et les institutions royalistes et britanniques sont de rigueur.
Victor Hugues, grace aux corsaires peut se ravitailler et renforce ses troupes. Il est rejoint par les patriotes exilés dans les autres iles. Au mois de Septembre, il a 2000 hommes bien entrainés. Pour la première fois dans les Antilles, des officiers noirs commandent à des Blancs.
N'ayant pratiquement plus d'officiers supérieurs, il nomme le capitaine d ' artillerie Pelardy général ainsi que le chef de bataillon Boudet. Ses effectifs sont cependant très inférieurs à ceux de l'adversaire, bien que les forces anglo -royalistes soient elles aussi touchées par les fièvres.
Comme Danton , il pense que l' audace peut suppléer au nombre pour des Républicains. Dans la nuit du 26 au 27 Septembre ses petites forces en 3 colonnes contournent les forces ennemies par la mer sur des pirogues et encerclent les premières lignes de défense tenues par des Anglo -Royalistes. Un premier assaut républicain est un échec, mais le commandement anglais a pris peur devant l' acharnement républicain et les menaces de décapitation générale de Victor Hugues s' ils ne se rendent pas!.....La flotte et les renforts anglais de Basse Terre du général Prescott ne bougent pas!
Non seulement les Anglais capitulent sur leurs premières lignes , mais ils abandonnent leur alliés royalistes à Victor Hugues…. qui en fait exécuter 900 comme traitres à la République.
Le 11 Octobre, les Républicains marchent sur Basse Terre avec deux canons seulement....Les Anglais sans convictions se retranchent dans les forts. Les Français ayant récupéré le matériel ennemi peuvent organiser des batteries de siège.
Dans la nuit du 10 au 11 décembre une flotte anglaise ( Jervis) apparait...ce n' est pas pour des renforts mais pour évacuer sous le feu des canons républicains le reste des troupes anglaises . Les Français s' emparent d' un immense butin en vivres, matériel et munitions .
Victor Hugues devenu véritable proconsul à la Guadeloupe y commande avec une main de fer, régissant la politique et l’ économie, rétablissant un travail forcé pour les plantations, n' oubliant pas de se servir au passage en particulier dans la guerre de course qu' il monte sur une grande échelle.
Ayant reçu des renforts en 1795,( note 3) Il va lancer des offensives sur les autres iles des Antilles sous contrôle anglais et s' en emparer.
Note 3 : C ’est le 30 Vendémiaire an 3 ( 21 Octobre 1794) que le bataillon de la Réunion ( de Paris) entièrement réorganisé est embarqué pour la Guadeloupe, pour accompagner les commissaires Goyrand et Lebas avec le bataillon des Antilles formé de 500 blancs et 200 hommes de couleur ( dont un certain Magloire Pelage et Delgres), commandé par le chef de bataillon Cottin et une compagnie d’ Artillerie de 120 hommes .
Le bataillon de la Réunion est réparti sur les frégates : l’ Insurgente, l’ Astrée et le Volontaire , la flûte: La Normandie reçut la 8e compagnie.
La Semillante, la Thetis et le Duras reçurent le reste ( 3 compagnies et les canonniers) . On mit la voile le 3 Brumaire.
Le 5 Janvier 1795, le Duras fut capturé avec son équipage et ses passagers . Le reste de l’ expédition atteint Pointe à Pitre le 10 Janvier.
Or, un de ceux qui viennent de débarquer peut lui faire de l’ ombre et il a les mêmes titres que lui: il s’ agit du commissaire Goyrand, car son collègue Lebas totalement inculte et corrompu sera facile à circonvenir ….
Victor Hugues convainc donc Goyrand d’ aller s’ emparer de Sainte Lucie encore sous le contrôle des Anglais.
Ce qu’ il fait le 22 Avril 1795, réduisant les Anglais à une poche de résistance au Morne Fortuné.
Après un siège de deux mois, les Anglais évacuent dans la nuit du 18 au 19 Juin. Goyrand s’ occupant désormais de l’ île reconquise , Victor Hugues a les mains libres en Guadeloupe.
Pendant ce temps, le 11 Avril 1795, le bataillon de la Réunion est envoyé à Saint Martin et y laisse sa 4e compagnie.
Pour combler ses effectifs dispersés en Avril 1795, Victor Hugues requisitionne tous les citoyens de 15 à 30 ans et forme un 4e bataillon de la Guadeloupe à Basse Terre
Dans chaque nouvelle conquête de nouveaux bataillons sont organisés. A la fin de 1795, "son" armée est de 11.000 hommes dans les 8 iles sous controle républicain grace ses méthodes expéditives : Guadeloupe, Marie Galante, Desisrade, St Eutache, St Martin , Grenade, Ste Lucie, St Vincent.
Mais ses methodes brutales ne sont pas toujours appréciées et en Novembre le 2e bataillon de la Guadeloupe se révolte.Il sera mâté.
Victor Hugues pour garder la main fait former une Garde nationale de Blancs et Noirs libres à Base Terre et Pointe à Pitre........
Tandis que les Anglais reprendront les iles unes à une entre 1796 et 1798 ; Victor Hugues reussira à maintenir la Guadeloupe sous drapeau français et sera rappelé en France en Fevrier 1799 où il sera blanchi par le Directoire des accusations de corruptions, violences ,abus d’ autorité et trafics divers dont il s ‘est rendu coupable eu égard des services rendus par ailleurs ( et sans doutes de juteux pots de vin à des directeurs qui n’ étaient pas des saints)
Il sera gouverneur de la Guyane sous l’ Empire .
Biblio :
-Armement des hommes de couleur et Liberté aux Antilles :le cas de la Guadeloupe pendant l’ Ancien Régime et la Révolution F Regent Annales historiques de la Révolution Française Octobre Decembre 2010
-Revue Historique des Armées 1963 N°1 :Martinique, Guadeloupe, Guyane
-Etre patriote sous les tropiques A Perotin Dumont Societe d’ Histoire de la Guadeloupe 1985
- Histoire de la Guadeloupe 1635-1830, MA Lacour, Basse Terre 1855-1860
-Six : dictionnaires des généraux..
Davin Didier- inceptio
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Bataillon des Antlles
Bonsoir
Merci Didier
J'ai trouvé dans les biographies sur le Net
Je pense que le "HIC" se trouve là (1794-1795 voire 1799) , dans la mesure où les biographie consultée sur le net font peut-être un amalgame :
Tu nous confirme l'existence du bataillon des Antilles dès 1794 avec cette note :
Cottin a t-il laissé des traces ?
Qu'en est-il des autres troupes parties de l'île d'Aix jusqu'en 1799 ?
Merci Didier
J'ai trouvé dans les biographies sur le Net
- Mars 1794 : prise de la Martinique par les Anglais qui "déportent" les défenseurs républicains en Angleterre. Parmi eux, un martiniquais, Louis Delgrès (1766-1802) est probablement issu de la garnison.
- Un an plus tard (en 1795), Delgrès est de retour sur l'île via la Métropole (il a donc été libéré ...) avec le bataillon des Antilles.
Je pense que le "HIC" se trouve là (1794-1795 voire 1799) , dans la mesure où les biographie consultée sur le net font peut-être un amalgame :
Tu nous confirme l'existence du bataillon des Antilles dès 1794 avec cette note :
Note 3 : C ’est le 30 Vendémiaire an 3 ( 21 Octobre 1794) que le bataillon de la Réunion ( de Paris) entièrement réorganisé est embarqué pour la Guadeloupe, pour accompagner les commissaires Goyrand et Lebas avec le bataillon des Antilles formé de 500 blancs et 200 hommes de couleur ( dont un certain Magloire Pelage et Delgres), commandé par le chef de bataillon Cottin et une compagnie d’ Artillerie de 120 hommes .
Cottin a t-il laissé des traces ?
Qu'en est-il des autres troupes parties de l'île d'Aix jusqu'en 1799 ?
MONTFERME- collatio
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Re: Bataillon des Antilles
Faisant quelques recherches je suis tombé sur un document intéressant
c 'est un état d' échanges de prisonniers sur le 3 mats parlementaire "Ariel " en rade de Cherbourg le 9 novembre 1797 ( Archives Marine Strasbourg 4 P3-1 an 5 et 6)
Outre des membres de la 2e Légion des Francs qui avaient été capturés lors du raid sur le Pays de Galles de Février 1797 ( nous l' avions évoqué dans un autre post) , on trouve des hommes capturés lors de la chute de l' ile de Sainte Lucie le 28 Mai 1795 avec la mention de leur grade et leur unité
on y voit ainsi des hommes :
- du 1er et du 4e bataillon des Antilles
-du 1er et du 2e bataillons de Sainte Lucie
-du 3e bataillon de Sans Culottes ( formé d' hommes Noirs de la Guadeloupe sic )
Un soldat du 1e bataillon des Sans Culottes pris à la Dominique
Le chef de bataillon JB Thomas Lafargue, du 4e bataillon des Antilles commandant l' expedition de la Martinique pris en 1794 en sortant de la Guadeloupe...
Comme on retrouve des unités de cette dénomination avant la chute des Antilles entre 1790 et 1793, la prise de la Martinique et de la Guadeloupe au début de 1794 et la reprise de la Guadeloupe et des iles dépendantes par Victor Hugues à la fin de 1794, l' envoi de renforts en 1795 ( la Martinique restant aux mains des Anglais jusqu' en 1802), c est donc qu' il y a eu des formations et reformations successives en fonction des évènements.
Un vaste chantier à défricher .....
Au travail
c 'est un état d' échanges de prisonniers sur le 3 mats parlementaire "Ariel " en rade de Cherbourg le 9 novembre 1797 ( Archives Marine Strasbourg 4 P3-1 an 5 et 6)
Outre des membres de la 2e Légion des Francs qui avaient été capturés lors du raid sur le Pays de Galles de Février 1797 ( nous l' avions évoqué dans un autre post) , on trouve des hommes capturés lors de la chute de l' ile de Sainte Lucie le 28 Mai 1795 avec la mention de leur grade et leur unité
on y voit ainsi des hommes :
- du 1er et du 4e bataillon des Antilles
-du 1er et du 2e bataillons de Sainte Lucie
-du 3e bataillon de Sans Culottes ( formé d' hommes Noirs de la Guadeloupe sic )
Un soldat du 1e bataillon des Sans Culottes pris à la Dominique
Le chef de bataillon JB Thomas Lafargue, du 4e bataillon des Antilles commandant l' expedition de la Martinique pris en 1794 en sortant de la Guadeloupe...
Comme on retrouve des unités de cette dénomination avant la chute des Antilles entre 1790 et 1793, la prise de la Martinique et de la Guadeloupe au début de 1794 et la reprise de la Guadeloupe et des iles dépendantes par Victor Hugues à la fin de 1794, l' envoi de renforts en 1795 ( la Martinique restant aux mains des Anglais jusqu' en 1802), c est donc qu' il y a eu des formations et reformations successives en fonction des évènements.
Un vaste chantier à défricher .....
Au travail
Davin Didier- inceptio
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Davin Didier- inceptio
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Date d'inscription : 08/12/2010
Age : 66
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Davin Didier- inceptio
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fusilier au bataillon des Antilles
Bonjour à tous
En recherchant les marins morts à la bataille du 13 prairial AN 2 à Brest ,je suis tombé en consultant le registre d'état civil de Brest à la cote 3E5 sur le décès de soldats venant des Antilles Je ne suis qu'à la page 31 et j' ai déjà 16 soldats morts rapidement en 5 jours
3E 5 page 20 décès le 17 vendémiaire an 3 Eusèbe OLLIVIER fusilier au bataillon des Antilles natif de St Pierre ile en la Martinique est rentré à l’hôpital militaire de terre le 9 vendémiaire et mort le 14 vendémiaire signé pour le directeur Cassin par l’ agent du dit hôpital 3E 5 page 20 décès le 17 vendémiaire an 3 Eusèbe OLLIVIER fusilier au bataillon des Antilles natif de St Pierre ile en la Martinique est rentré à l’hôpital militaire de terre le 9 vendémiaire et mort le 14 vendémiaire signé pour le directeur Cassin par l’ agent du dit hôpital
Je relève tout les militaires et les marins mort à Brest
Dans le registre 3E3 page 55 vous pouvez voir deux gars qui ont étés guillotinés avec leur nom rayé sur le registre
Bonne lecture P B
En recherchant les marins morts à la bataille du 13 prairial AN 2 à Brest ,je suis tombé en consultant le registre d'état civil de Brest à la cote 3E5 sur le décès de soldats venant des Antilles Je ne suis qu'à la page 31 et j' ai déjà 16 soldats morts rapidement en 5 jours
3E 5 page 20 décès le 17 vendémiaire an 3 Eusèbe OLLIVIER fusilier au bataillon des Antilles natif de St Pierre ile en la Martinique est rentré à l’hôpital militaire de terre le 9 vendémiaire et mort le 14 vendémiaire signé pour le directeur Cassin par l’ agent du dit hôpital 3E 5 page 20 décès le 17 vendémiaire an 3 Eusèbe OLLIVIER fusilier au bataillon des Antilles natif de St Pierre ile en la Martinique est rentré à l’hôpital militaire de terre le 9 vendémiaire et mort le 14 vendémiaire signé pour le directeur Cassin par l’ agent du dit hôpital
Je relève tout les militaires et les marins mort à Brest
Dans le registre 3E3 page 55 vous pouvez voir deux gars qui ont étés guillotinés avec leur nom rayé sur le registre
Bonne lecture P B
mayeux- lectio
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Date d'inscription : 14/03/2016
Age : 68
Localisation : manche
archives municipal de Brest
Bonjour
archives municipal de Brest cote 3E4 page 29 registre des décès
3E4 page 29 le 11 messidor An 2 à 11 h suivant la déclaration de l’hôpital de terre décès de RABANNETTE Négre venant du parlementaire numéro 16 embarqué sur le vaisseau La SEMILLANTE natif de la Martinique et rentré au dit hôpital le 3 messidor AN 2 y est mort le 10 messidor AN 2 signé PERRAULT, FEBURIER SERVANT agents du dit hôpital
cordialement
archives municipal de Brest cote 3E4 page 29 registre des décès
3E4 page 29 le 11 messidor An 2 à 11 h suivant la déclaration de l’hôpital de terre décès de RABANNETTE Négre venant du parlementaire numéro 16 embarqué sur le vaisseau La SEMILLANTE natif de la Martinique et rentré au dit hôpital le 3 messidor AN 2 y est mort le 10 messidor AN 2 signé PERRAULT, FEBURIER SERVANT agents du dit hôpital
cordialement
mayeux- lectio
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