Mémoires de Choderlos de Laclos

Je vous propose de découvrir un témoignage militaire méconnu sur la période 1805/1814 : celui d’Etienne-Fargeau Choderlos de Laclos, fils aîné du fameux auteur des « Liaisons dangereuses » (qui fut général de brigade sous le Consulat).

Né en 1784, le jeune Etienne entre le 3 novembre 1803 à la toute nouvelle École spéciale militaire qui se trouve encore à cette époque à Fontainebleau.
En mars de l’année suivante, il est nommé sous-lieutenant au 8ème régiment de dragons. C’est dans les rangs de ce régiment qu’il participe à sa première campagne, celle de 1805. Le 15 novembre, un peu plus de quinze jours avant la bataille d’Austerlitz, il entre à Vienne…Il ne sera pas présent, à son grand regret, à cette bataille ; se trouvant « près de l’Abbaye de Raygern, avec la division de dragons Klein ».

Comme l’écrit Louis de Chauvigny, dans sa préface :

«…les carnets avec leurs observations minutieuses, leurs notes quotidiennes, se succèdent les uns aux autres, toujours aussi modestes d’aspect, au cours des étapes et des cantonnements, des marches et des contre-marches, des reconnaissances, des escarmouches, des combats et des batailles…».
Durant l’automne 1806, alors qu’il se trouve à Bamberg, en Bavière, il voit pour la première fois l’Empereur : « A 3 heures et demie, je vis passer le Grand Napoléon, habillé en vert, épaulettes d’officier supérieur en or, montant un cheval gris, crin blond. Il paraissait examiner les environs de Bamberg jusqu’à Hallstadt ; il traversa un de ces villages et s’en retourna sur la grand’route à Bamberg. Le maréchal Davout et plusieurs officiers généraux l’accompagnaient ; son escorte était des hussards ». Plus tard, il est à Berlin, dont il apprécie l’ordonnancement des rues malgré l’obscurité de la nuit. Le temps d’aller au spectacle un court instant, avant de passer un moment en galante compagnie, de souper, et il faut monter à cheval pour regagner le bivouac « Cette petite expédition nocturne fut faite en six heures de temps… » écrit l’auteur en nous offrant cet aperçu de la vie du militaire en campagne.

Début 1807, Choderlos se trouve en Pologne. Le 3 février, lors d’un combat, il a un cheval tué sous lui. Quelques jours après, le jeune officier participe à la terrible bataille d’Eylau. Ainsi écrit-il : « La confusion la plus complète existait dans les six régiments.

Ce n’était plus une retraite, c’était une fuite précipitée, qui se serait prolongée pendant la journée entière, sans la brigade du général [de] Colbert que nous vîmes en bataille. Alors les fuyards se rallièrent ».

Le 1er octobre de la même année, l’auteur, alors sous-lieutenant au 8ème dragons reçoit sa nomination de chevalier de la Légion d’honneur.


En avril 1808, il est nommé lieutenant au 10ème dragons ; en juillet de l’année suivante adjudant-major, avec rang de capitaine, dans ce même régiment. En septembre 1811, on le retrouve capitaine toujours au sein du 10ème dragons, devenu par décret impérial (du 18 juin 1811), 5ème régiment de chevau-légers lanciers.

Etienne Choderlos de Laclos participe de 1809 à 1812 aux campagnes d’Espagne et du Portugal, mais semble pas avoir laissé de notes sur cette période.
Son témoignage reprend en 1813, année au cours de laquelle il participe à la campagne d’Allemagne. En 1814, l’auteur est engagé dans celle de France. Il est chef de bataillon au 144ème régiment d’infanterie de ligne, attaché à l’état-major du 6ème corps (Marmont). Etienne Choderlos de Laclos décrit l’héroïque campagne avec cette minutie qui lui est familière, étape par étape, mentionnant les haltes, combats, et autres affaires. Mais le 18 mars 1814, à Berry-au-Bac, le jeune officier a rendez-vous avec son destin en succombant sous les balles ennemies…



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