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Des méthodes thérapeutiques surprenantes

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Des méthodes thérapeutiques surprenantes Empty Des méthodes thérapeutiques surprenantes

Message  Marc Morillon Ven 6 Mai - 8:36

Les fièvres étaient fréquentes et leur origine encore incomprise.
Les traitements étaient "héroïques comme en témoignent les documents qui suivent, aussi bien à Saint Domingue que dans le sud de l'Espagne:

Traitement des fièvres (palustres ou autres...) dans l’armée anglaise aux Antilles en 1801 : Récit d’un employé d’hôpital ::

« Les entrants étaient emmenés dans une salle de bains contenant bains froids et bains chauds. Ils étaient aussitôt saignés de 16 à 20 onces. Une fois ranimés, ce qui arrivait le plus souvent, ils étaient plongés par groupe de quatre ou six dans un bain chaud et confinés par une couverture tendue au dessus d’eux jusqu’à ce qu’ils étouffent. Ils étaient ensuite plongés dans des bains froids dans lesquels ils étaient maintenus jusqu’à ce qu’ils semblent être sans vie. Aussitôt après, on leur donnait un puissant émétique, on les couchait et on leur administrait une purge faite de huit grains de calomel et six grains de poudre de James (antimoine, potasse et citron, réputée antipyrétique). Ceci provoquait l’apparition de symptômes alarmants, et dès qu’ils s’étaient amendés on les saignait à nouveau et on les couvrait de vésicatoires de la tête aux pieds. Ils étaient encore saignés une quatrième et une cinquième fois au cours des trente premières heures, ce qui les faisait perdre entre 60 et 70 onces de sang. »

Walter Henry, chirurgien aide-major, soigné par un collègue pour un accès de « malaria » contractée en Estrémadure en 1812 :
« Il ne me fit pas de saignée ni au bras, ni à l’artère temporale, conformément à mon désir de conserver mes forces vitales et d’économiser un peu mes forces ; mais lorsqu’un après midi brûlant, les symptômes se portèrent nettement à la tête, il rasa mes favoris et appliqua trois douzaines de sangsues sur ma pauvre tête. Au bout de quelques heures, on me conduisit dans le jardin, on me fit tenir debout et on me versa dessus quatre ou cinq puis vingt bassines d’eau froide du puits depuis la fenêtre du troisième étage. Après cette terrible douche, je fus séché énergiquement puis remis au lit. Pendant les deux heures qui suivirent, je n’étais pas vraiment sur que ma tête n’ait pas été emportée par ce déferlement d’eau, tellement j’avais la sensation que cette partie de mon corps était morte et que tout ce qui se situait au dessus de mes épaules était engourdi et froid. Mais j’eus une réaction violente dans la nuit et je devins délirant le lendemain matin. Je n’étais pourtant pas destiné à laisser ma peau à Badajoz, beaucoup trop d’Anglais l’avaient déjà fait auparavant. »
Malgré ce « traitement », il y eut des rechutes et Henry prit la décision de « semer » sa fièvre : après avoir bu une bonne quantité de vin chaud, il monta sur son cheval « sentant toujours sur moi les doigts glacés du démon de la fièvre » et il galopa à travers la plaine et « à force de persévérance, je finis heureusement par distancer mon vilain poursuivant. »

Référence : Dr M.Howard : Wellington’s doctors Stapelhurst Spellmount 2002

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Message  Davin Didier Sam 7 Mai - 8:57

Et pourtant on connaissait le quinquina pour faire baisser la fièvre, depuis le 17e siècle......
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Davin Didier
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Message  Marc Morillon Sam 7 Mai - 9:03

C'est exact, Didier, mais c'était un produit cher car importé des colonies espagnoles d'Amérique. Donc peu disponible et l'objet de trafic de la part des prévaricateurs.
Plus tard, Maillot aura des ennuis avec le commandement lors de la conquête de l'Algérie car il en consommait plus que prévu....
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Message  Jérôme C. Mer 11 Mai - 19:59

merci beaucoup xxs44s

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Par définition un historien se doit d'éclairer certaines zones d'ombres du passé. Ayant de droit accès à toutes les archives ouvertes, il s'appuie sur ses recherches pour délivrer ses résultats, quitte à briser quelques clichés.

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Des méthodes thérapeutiques surprenantes Empty Traitement des plaies infectées

Message  Marc Morillon Sam 21 Mai - 13:18

L’infection des plaies, provoquées ou non par les armes, considérées comme « maladies externes » étaient plutôt du ressort des chirurgiens. La fréquence des infections cutanées, problème toujours actuel des armées en campagne faisait qu’elles étaient suivies par tous. Que l’infection soit ouverte ou fermée, on attendait la production de pus que l’on accélérait avec l’application de cérat. Ce produit a base de cire et d’huile était tellement utilisé que toutes les formations en avaient de grands pots. On déclarait alors la suppuration « louable » si le pus était jaune crémeux. L’inflammation et la fièvre qui l’accompagnait parfois entraient dans la cadre des « phlegmasies » et l’on voyait alors entrer en jeu l’arsenal des sels de plomb, des frictions mercurielles, des vésicatoires. La saignée ou les sangsues apparaissaient lorsque le pouls s’accélérait.
A côté des métaux lourds, plomb et mercure, les vésicatoires étaient d’origine biologique et même entomologique. Il s’agissait de l’application de poudre de cantharide, coléoptères répandus en été, et dont l’application provoque irritation et inflammation locale. Des colis d’insectes desséchés étaient ainsi envoyés à l’armée avant de passer sous le pilon des pharmaciens. L’époque est aussi celle de l’avènement des sangsues dont Broussais sera un grand promoteur. A l’époque ou il régnait en despote sur la médecine parisienne on importait chaque année 4 millions de sangsues en France. Leur utilisation était tellement répandue qu’on les retrouve dans le fort intéressant chapitre médical de l’ouvrage du général de Brack : « Les avant-postes de cavalerie légère ». Il y a même la conduite à tenir lorsque les sangsues ont été avalées ou inhalées, puisqu’on plaçait ces sympathiques bestioles jusqu’au plus près des orifices naturels en fonction de la symptomatologie…Les asticots étaient aussi d’autres alliés rampants des médecins et chirurgiens qui les laissaient en place pour nettoyer les chairs nécrosées. Le redoutable tétanos était alors connu comme une évolution possible des plaies mais sa nature n’était pas encore comprise. On continue à montrer aujourd’hui dans les facultés de médecine ce dessin qui représente un blessé anglais de la bataille de la Corogne, atteint des contractures qui présagent d’une mort imminente. Larrey en a très bien décrit les symptômes et le met en relation aussi bien avec les blessures graves qu’avec les plaies minimes. La seule solution envisagée à l’époque était l’amputation préventive . nous avons là, au moins en partie l’explication de ces amputations très nombreuses que certains ont pu juger abusives à posteriori. Le général Saint Hilaire, blessé à Essling en sera une victime illustre. L’infection des plaies était aussi le point de départ de septicémies, également de sombre pronostic et que l’amputation ne parvenait pas toujours à prévenir. La fièvre et le délire qu’elle entraînait faisait classer l’affection comme « typhus « ou comme « typhoïde ». Ici aussi nous trouvons un exemple célèbre avec la mort du Maréchal Lannes plusieurs jours après son amputation, toujours à la bataille d’Essling.


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Des méthodes thérapeutiques surprenantes Empty Traitement des infections intestinales

Message  Marc Morillon Sam 21 Mai - 13:19

Moins glorieuses, aussi fréquentes et tout aussi délétères pour les armées étaient les infections digestives dans lesquelles se regroupent les diarrhées, dysenteries diverses et nous le savons aujourd’hui, la fièvre typhoïde. Rappelons que c’est la dysenterie (probablement bacillaire) qui avait mis l’orgueilleuse armée prussienne hors d’état de combattre à Valmy, offrant à l’armée française une victoire à peu de frais. Personne ne savait alors qu’il s’agissait d’un problème d’hygiène de l’eau, de l’alimentation et des excreta et la philosophie prenait le dessus. On invoquait alors une sorte de « choc thermique », passage brutal du chaud au froid, consommation de boissons trop froides. Les problèmes déjà rencontrés en Egypte se retrouvaient dans la fournaise espagnole. De Brack nous apprend : « Un général habile fit porter à ses soldats qui étaient bivouaqués sur les rives de l’Ebre entre Tortosa et Amposta une ceinture de laine. Par cette mesure, il arrêta les progrès d’une diarrhée avec coliques violentes qui épuisaient son armée. » Mesure qui annonce les tenues des armées coloniales… On voit tout de même, quelquefois incriminer la qualité de l’eau et l’on recherche de l’eau n’ayant pas d’odeur… la vérité n’était pas très loin ! Desgenettes recommandait l’oxycrat, eau sucrée acidifiée avec du vinaigre. L’idée n’était pas mauvaise puisque l’acidité ne convient pas au développement des bactéries. Le régime quotidien du soldat devait d’ailleurs comprendre de l’eau additionnée d’eau de vie et de vinaigre, prédécesseurs de nos plus modernes comprimés chlorés. Le traitement quant à lui était à base de boisons sucrées et tièdes à base d’eau de riz, de gomme arabique ou de tisane de chiendent. Face à une dysenterie, douloureuse et plus spectaculaire, on faisait appel à ce que l’on appelait les « remèdes héroïques »: opium, quinquina, ipécacuana, émétiques… avec toujours l’application de vésicatoires sur le ventre. L’armée d’Espagne a semble t’il été durement touchée par la fièvre typhoïde. Les dénominations en sont diverses : fièvre gastro-intestinale, ataxique adynamique, dothinentérie… Nous retrouvons là Broussais aussi bien au Puente del Arzobispo qu’à l’hôpital de Pau en 1813 : le traitement consiste selon lui à l’emploi de révulsifs à l’extérieur (nous retrouvons les cantharides) et d’acides minéraux à l’intérieur : ingestion d’eau acidulée par l’acide sulfurique.

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Message  Jérôme C. Dim 22 Mai - 9:57

est-ce que le fait d'attendre l'infection des plaies n'était il pas préjudiciables à la santé, voir la survie de "nos" grognards ?

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Message  Marc Morillon Dim 22 Mai - 12:10

Jérôme C a écrit:est-ce que le fait d'attendre l'infection des plaies n'était il pas préjudiciables à la santé, voir la survie de "nos" grognards ?

Certainement, si l'on considère ceci avec nos yeux et nos connaissances d'aujourd'hui. Il y a du avoir des septicémies et des gangrènes.Mais il y en a eu de toutes façons encore beaucoup jusqu'à la fin de la deuxième guerre mondiale c'est à dire l'apparition des sulfamides et des antibiotiques.
L'évolution purulente n'était même pas une fatalité, elle était considérée comme normale.
Il faudra encore attendre 50 ans pour qu'avec la théorie des germes (Pasteur 1865), la découverte de l'asepsie (Lister) et les principes de Koch, on commence à comprendre l'infection et envisager comment la prévenir et la contenir sinon la traiter..
La situation des blessés de 1914 était à peine différente. Ils bénéficiaient en plus d'une désinfection à la teinture d'iode et de l'injection de sérum de cheval antitétanique. C'est à peu près tout.

Au fait: l'inventeur du mot "microbe" (petit être-vivant) est un chirurgien militaire: Sédillot sous le Second Empire....
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