La campagne de 1806
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La campagne de 1806
Lettre de LANNES, Prenzlow 29 octobre [1806], à sa femme, Madame la marechale Lannes à Mayence.
Campagne de Prusse, au lendemain de la bataille de Prenzlow.
Nous avons fait hier vingt mille prisonniers c'est tout ce qui restoit de l'armée prussienne.
Nous [sommes] bien fatigués ma chere amie il y a trois jours et trois nuits que nous marchons.
Il faut tout cela pour vaincre …
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Par définition un historien se doit d'éclairer certaines zones d'ombres du passé. Ayant de droit accès à toutes les archives ouvertes, il s'appuie sur ses recherches pour délivrer ses résultats, quitte à briser quelques clichés.
Président de la S.E.H.R.I.
Re: La campagne de 1806
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Re: La campagne de 1806
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Re: La campagne de 1806
Lettre autographe signée d’un soldat de la Grande armée, Varsovie, 14 décembre 1806, à Monsieur M.A. Jullien, Sous-inspecteur aux revues à Paris, 3 pages in-4, (déchirure causée par le décachetage avec perte de texte), tampon de la Grande armée.
Exceptionnelle lettre d’un soldat, d’une lucidité troublante, au sujet des campagnes napoléoniennes. Témoignage intime passionnant.
« Si après deux ans de camp de Boulogne, si après Ulm, Austerlitz, Saalfeld, Iéna, je me retrouve encore au même point dont je suis parti, comme le temps écoulé est irréparable, et que certes de ma vie il ne m’arrivera d’être placé au milieu d’évènements aussi décisifs, aussi grands, il y aurait de la folie à attendre encore quelque chose de l’avenir »
« (…) Nous sommes même encore ici dans l’incertitude ordinaire, ignorant ce qu’on va faire de nous, à peine arrivés d’hier, prêts à partir demain, entendant parlé de paix et faisant toujours la guerre, plus ou moins vivement. Depuis Stellin et notre passage de l’Oder, nous avons marché jusqu’aux bords de la Vistule, par Schneidemülh et Bromberg à travers des sables et des déserts incultes et inhabités ; le maréchal Davout de son côté par Custrin et Posen commencait à exciter les Polonais (…) Le Roi de Prusse a refusé les conditions d’un armistice, les Russes sont venus en avant de Varsovie (…) le maréchal Davoust, dès que les glaces ont permis de raccommoder le pont, est entré au fameux fauxbourg de Praga ; le maréchal Lannes est entré ici, et c’est notre division qui dans ce moment est cantonnée dans Varsovie (Murat et l’armée française étaient entrés à Varsovie le 28 novembre). Les maréchaux Augereau et Ney qui venaient derrière nous le long de la Vistule, viennent de la passer du côté de Thorn et au dessus (…)
L’empereur, après les affaires de Lubeck et Magdebourg, a rapproché toute l’armée, a fait passer l’Oder à tous ; il est lui-même à Posen et la garde, jointe au bruit public, annoncent la prochaine arrivée dans cette capitale (…) Notre division goute depuis quelques jours un repos bien nécessaire, le premier depuis l’ouverture de la campagne ; nous sommes tous entre les mains des tailleurs, des bottiers, des chapeliers ; nous songeons à nous précautionner d’avance contre les froids excessifs de la saison et du climat dont on nous menace : nous voulons, s’il est possible, n’avoir pas le nez et les oreilles gelés comme il arrive fréquemment, dit-on, dans le désert de la Russie.
L’espoir de l’arrivée de l’empereur rend aussi précieux ce séjour qu’on nous accorde (Napoléon arrivera à Varsovie le 19 décembre). Notre corps d’armée est le seul (…) qu’il n’ait point passé en revue ; nos troupes savent avoir bien fait leur (devoir ?) ; quelques éloges, des récompenses suivent ordinairement après une pareille visite, et chacun (nourrit) un peu d’espoir, depuis le solda jusqu’au chef. Il est probable qu’à cette occasion un ordre (du) jour flatteur nous rendra la même justice qu’à tous les autres ; et cela réjouira 10 mille hommes. Pour moi mon cher ami, j’attends patiemment ce jour là ou tout autre, incertain de ce qui m’est réservé et me reposant sur le désir et l’amitié de mon général. Si comme il m’est arrivé jusqu’à présent je reste inapperçu dans la foule, et ne puis obtenir un regard, je n’en serai que plus affermi dans les idées qui m’occupent (…)
Si après deux ans de camp de Boulogne, si après Ulm, Austerlitz, Saalfeld, Iéna, je me retrouve encore au même point dont je suis parti, comme le temps écoulé est irréparable, et que certes de ma vie il ne m’arrivera d’être placé au milieu d’évènements aussi décisifs, aussi grands, il y aurait de la folie à attendre encore quelque chose de l’avenir ;
Les années s’accumulent et je ne vis point. Quand donc je reverrai Paris, la France et ma famille (…) Notre empereur, nos généraux, notre armée sont encore jeunes ; l’avantage du moment est immense, on peut fixer le sort du monde et donner pour longtemps la paix à l’Europe. Ne vaut-il pas mieux le faire tout de suite ? Dans dix ans le pourrons-nous aussi facilement ? Dans dix ans serons-nous les mêmes ?
En Hesse, à Brunswick, Hambourg, à Leipzig, ici, partout nous faisons une guerre terrible aux anglais ; on prend en ce moment contre eux les mesures les plus décisives ; un arrêté de l’empereur fait saisir jusque chez les banquiers, tous les fonds appartenant à des anglais ; leurs marchandises sont de bonne prise, eux-mêmes sont prisonniers partout où pénètrent les armées françaises. Si une bataille avec les Russes est nécessaire pour compléter tout cela, et achever sur le continent le blocus total des îles britanniques (le Blocus continental avait été institué par décret le 21 novembre) , suivant l’expression de l’arrêté, toute l’armée est bien disposée non seulement pour la donner, mais encore pour en poursuivre les résultats mieux qu’à Austerlitz, c’est à dire qu’il n’est pas un de nos soldats qui ne sente bien qui ne sache et ne dise qu’il faudra exterminer sans quartier ces barbares sur le champ de bataille, les achever le lendemain, le surlendemain, les couper, les prendre, les anéantir, fut-ce à 100 lieux du champ de bataille et faire enfin disparaître l’armée d’Alexandre comme on a fait de l’armée prussienne après Iéna (…) ».
Exceptionnelle lettre d’un soldat, d’une lucidité troublante, au sujet des campagnes napoléoniennes. Témoignage intime passionnant.
« Si après deux ans de camp de Boulogne, si après Ulm, Austerlitz, Saalfeld, Iéna, je me retrouve encore au même point dont je suis parti, comme le temps écoulé est irréparable, et que certes de ma vie il ne m’arrivera d’être placé au milieu d’évènements aussi décisifs, aussi grands, il y aurait de la folie à attendre encore quelque chose de l’avenir »
« (…) Nous sommes même encore ici dans l’incertitude ordinaire, ignorant ce qu’on va faire de nous, à peine arrivés d’hier, prêts à partir demain, entendant parlé de paix et faisant toujours la guerre, plus ou moins vivement. Depuis Stellin et notre passage de l’Oder, nous avons marché jusqu’aux bords de la Vistule, par Schneidemülh et Bromberg à travers des sables et des déserts incultes et inhabités ; le maréchal Davout de son côté par Custrin et Posen commencait à exciter les Polonais (…) Le Roi de Prusse a refusé les conditions d’un armistice, les Russes sont venus en avant de Varsovie (…) le maréchal Davoust, dès que les glaces ont permis de raccommoder le pont, est entré au fameux fauxbourg de Praga ; le maréchal Lannes est entré ici, et c’est notre division qui dans ce moment est cantonnée dans Varsovie (Murat et l’armée française étaient entrés à Varsovie le 28 novembre). Les maréchaux Augereau et Ney qui venaient derrière nous le long de la Vistule, viennent de la passer du côté de Thorn et au dessus (…)
L’empereur, après les affaires de Lubeck et Magdebourg, a rapproché toute l’armée, a fait passer l’Oder à tous ; il est lui-même à Posen et la garde, jointe au bruit public, annoncent la prochaine arrivée dans cette capitale (…) Notre division goute depuis quelques jours un repos bien nécessaire, le premier depuis l’ouverture de la campagne ; nous sommes tous entre les mains des tailleurs, des bottiers, des chapeliers ; nous songeons à nous précautionner d’avance contre les froids excessifs de la saison et du climat dont on nous menace : nous voulons, s’il est possible, n’avoir pas le nez et les oreilles gelés comme il arrive fréquemment, dit-on, dans le désert de la Russie.
L’espoir de l’arrivée de l’empereur rend aussi précieux ce séjour qu’on nous accorde (Napoléon arrivera à Varsovie le 19 décembre). Notre corps d’armée est le seul (…) qu’il n’ait point passé en revue ; nos troupes savent avoir bien fait leur (devoir ?) ; quelques éloges, des récompenses suivent ordinairement après une pareille visite, et chacun (nourrit) un peu d’espoir, depuis le solda jusqu’au chef. Il est probable qu’à cette occasion un ordre (du) jour flatteur nous rendra la même justice qu’à tous les autres ; et cela réjouira 10 mille hommes. Pour moi mon cher ami, j’attends patiemment ce jour là ou tout autre, incertain de ce qui m’est réservé et me reposant sur le désir et l’amitié de mon général. Si comme il m’est arrivé jusqu’à présent je reste inapperçu dans la foule, et ne puis obtenir un regard, je n’en serai que plus affermi dans les idées qui m’occupent (…)
Si après deux ans de camp de Boulogne, si après Ulm, Austerlitz, Saalfeld, Iéna, je me retrouve encore au même point dont je suis parti, comme le temps écoulé est irréparable, et que certes de ma vie il ne m’arrivera d’être placé au milieu d’évènements aussi décisifs, aussi grands, il y aurait de la folie à attendre encore quelque chose de l’avenir ;
Les années s’accumulent et je ne vis point. Quand donc je reverrai Paris, la France et ma famille (…) Notre empereur, nos généraux, notre armée sont encore jeunes ; l’avantage du moment est immense, on peut fixer le sort du monde et donner pour longtemps la paix à l’Europe. Ne vaut-il pas mieux le faire tout de suite ? Dans dix ans le pourrons-nous aussi facilement ? Dans dix ans serons-nous les mêmes ?
En Hesse, à Brunswick, Hambourg, à Leipzig, ici, partout nous faisons une guerre terrible aux anglais ; on prend en ce moment contre eux les mesures les plus décisives ; un arrêté de l’empereur fait saisir jusque chez les banquiers, tous les fonds appartenant à des anglais ; leurs marchandises sont de bonne prise, eux-mêmes sont prisonniers partout où pénètrent les armées françaises. Si une bataille avec les Russes est nécessaire pour compléter tout cela, et achever sur le continent le blocus total des îles britanniques (le Blocus continental avait été institué par décret le 21 novembre) , suivant l’expression de l’arrêté, toute l’armée est bien disposée non seulement pour la donner, mais encore pour en poursuivre les résultats mieux qu’à Austerlitz, c’est à dire qu’il n’est pas un de nos soldats qui ne sente bien qui ne sache et ne dise qu’il faudra exterminer sans quartier ces barbares sur le champ de bataille, les achever le lendemain, le surlendemain, les couper, les prendre, les anéantir, fut-ce à 100 lieux du champ de bataille et faire enfin disparaître l’armée d’Alexandre comme on a fait de l’armée prussienne après Iéna (…) ».
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Re: La campagne de 1806
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Marc Morillon- inceptio
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Re: La campagne de 1806
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