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Le corps de la Marine (1791-1792)

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Le corps de la Marine (1791-1792) Empty Le corps de la Marine (1791-1792)

Message  Hughes de Bazouges Ven 15 Mar - 18:41

Voici les éléments relatifs aux compagnies des officiers de La Marine organisées en 1792 au sein de l’armée des Princes Frères du Roi, et tirés des Mémoires inédits de Charles Georges Cacqueray de Valmenier (Tome II, « L’émigration, 1791-1794 »), Angers, 2006.

Ayant passé la frontière en septembre 1791, l’auteur se présenta à Tournai chez le comte de Montboissier, ancien commandant des Mousquetaires Noirs, Lieutenant-général et Cordon bleu. « Il s’y trouvait alors 20 ou 25 officiers de la Marine : Monsieur de Vaugirard, capitaine de vaisseau, était le seul chef de corps et venait d’écrire aux Princes au nom des marins émigrés pour offrir leurs services et demander surtout l’honneur d’être employés sous leurs yeux au service de l’Artillerie, le canon étant leur arme la plus familière. Il semblait que l’on dut attendre leur réponse pour prendre un parti ; mais il fut assez légèrement décidé que l’on formerait un corps de cavalerie. Une vingtaine d’officiers s’y fit inscrire ; le reste prit le parti de servir à pied. Plusieurs étaient déjà dans les compagnies à Ath. Je me mis dans la cavalerie… »
Le cantonnement de la Marine fut bientôt porté à Enghien en raison de l’augmentation croissante du nombre de marins. Le comte de Vaugirard s’y établit à la tête de la compagnie de cavalerie. Demeuraient à Tournai ceux qui ne pouvant subvenir à leurs besoins dépendaient de ce que leur offraient les Princes.

Le comte d’Hector, commandant de la Marine à Brest, et son beau-frère, le comte de Soulange – les premiers officiers généraux de ce corps à avoir quitté la France – arrivèrent le 10 octobre 1791 à Tournai et furent particulièrement bien accueillis, tant des émigrés que des généraux autrichiens. Le rassemblement d’Enghien continuait à grossir et l’auteur acheta alors « un cheval et tout l’équipage nécessaire pour servir dans la cavalerie ». Le 13 octobre matin, il accompagna le comte d’Hector qui, devant se rendre à Coblentz pour un court séjour, en profita pour visiter les marins établis à Enghien. En chemin, ils s’arrêtèrent à Ath où se trouvaient 1200 gentilshommes réunis en compagnies de cavalerie ou d’infanterie sous les ordres du comte de La Châtre, Maréchal de camp.
De retour le 15, le comte d’Hector fut accueilli avant Enghien par un détachement de cavalerie commandé par le comte de Vaugirard. Le jour suivant, il reprit sa route pour Coblentz afin d’y prendre ses ordres des Princes.
Le 3 novembre 1791, le comte de La Châtre se rendit à Enghien pour y organiser les officiers de la Marine : « il nomma les capitaines et chefs de section des deux compagnies d’infanterie et d’une de cavalerie. Son ouvrage n’eut pas une longue existence » car le comte d’Hector, revenu le 5 de Coblentz, en arrêta bientôt une nouvelle en raison de l’afflux de nouveaux volontaires.

Le 11 février 1792, « il arriva un aide de camp de Monsieur le duc de Villequier, un des six commissaires des Princes à Bruxelles, pour annoncer à Monsieur le comte d’Hector qu’il recevrait , sous peu, l’ordre d’évacuer Enghien et de prendre pour cantonnement Bruges ou Tirlemont ». Les deux mois de février et de mars se passèrent dans la plus grande fébrilité car il était sans cesse question de mouvements de troupes autrichiennes ou hessoises, de mouvement offensif en France, etc. En raison de l’augmentation du corps des officiers de la Marine, il fallut bientôt créer deux nouvelles compagnies d’infanterie et une seconde compagnie à cheval. Le 23 février, le comte d’Hector reçut la confirmation de la nécessité d’évacuer Enghien mais en raison de l’arrivée de troupes autrichiennes, cet ordre fut différé et le rassemblement de la Marine partit finalement le 17 mars. Ayant reçu l’ordre de sortir des Pays-Bas autrichiens, il s’installa dans la principauté de Stavelot, près de Malmédy, dans les Ardennes.

Les premiers détachements du camp d’Enghien arrivèrent le 26 mars à Stavelot et le comte d’Hector le 29, date à laquelle la moitié des officiers avaient rejoint. Le 10 avril ayant été fixé comme date butoir pour la réunion de tout le corps, le comte d’Hector passa en revue la cavalerie le matin et l’infanterie le soir puis donna les ordres afin que l’entraînement des troupes se fasse sans délais. « Les moines pleins d’attention et d’honnêteté pour nous offrirent leur cloître et leur jardin pour l’exercice de l’infanterie, on loua un champ hors de la ville pour celui de la cavalerie ». Le 16 avril, le Corps de la Marine reçut une nouvelle organisation en 8 compagnies d’infanterie formant deux divisions, et deux compagnies de cavalerie. L’entraînement militaire se poursuivait avec la plus grande exactitude quand les émigrés apprirent, le 24 avril, la déclaration de guerre. Dès lors, plus rien ne s’opposait à ce qu’ils reçoivent ouvertement des armes et s’entraînent en corps constitués. A cet effet, Messieurs de Beaumont et de Lussac se rendirent à Liège pour y négocier l’achat d’armes ; les Princes ne pouvant en assurer le coût, le Corps de la Marine leva une souscription pour leur en faire l’avance.

Ayant appris que l’on devait lever deux compagnies pour assurer la garde de l’état-major des Princes, le corps décida de leur adresser une supplique. Le 28 soir, chaque compagnie désigna deux commissaires qui se réunirent pour la rédiger, et elle fut portée le 30 par MM. de Souillac et de La Beaume. M. de Souillac rendit compte le 8 mai du succès de sa mission : les Princes acceptaient que les officiers de la Marine réunis à Coblentz constituent la neuvième compagnie du corps, assuraient que celui-ci ne saurait être divisé au cours de la campagne, et enfin « que les compagnies de la Marine feraient alternativement le service auprès des Princes ». C’est à cette époque que les armes arrivèrent de Liège mais en nombre insuffisant pour équiper toutes les compagnies (la première compagnie de cavalerie ne pouvait encore armer qu’un corps de garde de 8 hommes et un piquet de 10 cavaliers). Les tentes destinées à l’armée des Princes étaient alors bloquées à Maëstricht, faute de fonds, et les effets de cantonnement à Coblentz.
Enfin, le comte d’Hector obtint des Princes, fin juin, l’autorisation d’exercer publiquement son corps sous les armes, corps qui était aussi désigné à cette époque comme « Légion de la Marine ». Début juillet, une dixième compagnie fut formée et il fut établi qu’un bataillon serait en permanence sous les armes, malgré le détachement de deux compagnies pour assurer la garde.

Le 12 juillet 1792, le corps de la Marine se trouvait à Malmédy quand un incendie se déclara dans la ville ; celui-ci fut maîtrisé grâce à l’intervention des officiers. Le 24, eut lieu au sein même de l’abbaye de Stavelot la cérémonie de bénédiction de l’étendard et du drapeau que les Princes avaient accordés à la cavalerie et à l’infanterie. Le comte d’Hector ayant fait savoir au Prince de Nassau qu’il ne pourrait sans doute marcher faute d’argent, celui-ci lui fit remettre des lettres de change d’une valeur de 24.000 livres, à tirer en Hollande, et un gentilhomme du corps, M. de Mauléone ( ?) y ajouta mille livres. L’ordre de départ arriva enfin le 31 juillet et la cavalerie se mit en route dès le jour suivant tandis que les quatre premières compagnies d’infanterie entraient en campagne le 2 août et les cinq dernières le 3.

Une compagnie d'officiers était composée d'1 capitaine, 4 chefs de section, 54 gentilshommes, 1 tambour ou trompette (plus 1 maréchal-ferrand pour 2 compagnies de cavalerie)

Première formation de 1791 donnée par le comte d'Hector :

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Message  Laurent Sam 16 Mar - 8:11

Merci Hughes, tout cela viendra compléter l'article en commun que vous avez tous initiés ! xxs44s

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Message  Hughes de Bazouges Sam 16 Mar - 8:18

Et je n'ai pas dit mon dernier mot... prochain envoi sur la campagne de 1792, la dissolution du corps, le siège de Maëstricht... et plus tard sur le régiment d'Hector à la solde britannique... Bonne lecture à tous !
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Message  Hughes de Bazouges Lun 18 Mar - 20:02

« Ce fut le 1er août que tout l’Escadron s’étant formé sur la place avec armes et bagages, il se trouva 107 personnes prêtes à partir ; une douzaine de cavaliers ayant des chevaux malades ou l’étant eux-mêmes furent obligés de rester. A 11h nous quittâmes Malmédy… »
On peut en conclure que l’effectif des compagnies et de l’escadron devait être au complet et donc que le nombre des officiers de la Marine ayant émigré et servant auprès des Princes, à l’armée du Centre, était d’au moins 700.

Une cabale étant alors apparue au sein de ce corps sur la nécessité de donner un commandement au marquis de Vaudreuil, il fut décidé que celui-ci resterait auprès des Princes.

Le 2, l’escadron à Saint-Vith, dans les Ardennes, où il est rejoint par plusieurs cavaliers. Le 3, arrivée à Bitbourg où l’escadron demeure jusqu’au 17. Du 3 au 8, l’auteur et M. de La Beaumme sont envoyés en mission par M. le comte d’Hector pour tenter de trouver dans un village distant de 4 lieues les voitures nécessaires aux bagages de la Légion.
Les déplacements de celle-ci étaient le plus souvent réglés comme suit :
- Deux compagnies servant alternativement auprès des Princes
- Un bataillon (5 compagnies) complet, toujours prêt à marcher
- Les 3 compagnies restantes
- L’escadron au complet

« Le 12, un Commissaire des guerres vint, l’après-midi, pour nous passer en revue. Comme on n’avait point été prévenu de son arrivée, beaucoup de personnes ne se trouvaient pas présentes pour prendre les armes à 6 heures ».
Le 17 août, La Marine arrive à Isternach, sur la route de Luxembourg. Le 18, déplacement sur Manternak, puis, le 19, sur Niederdoven où l’on apprend seulement les événements du 10 août (et le 23 la prise de Longwy).
Temps pluvieux depuis plusieurs jours ; le 29, le corps quitte Niederoven pour passer la frontière. Installation à Rumingon, à une lieue de Roussy. Le 30, mouvement sur Thionville ; au cours du déplacement, la Brigade croise les Frères du Roi, suivis des ducs de Berry et d’Angoulême. La Marine se met en formation et est saluée par les Princes.
La Brigade incomplète (toujours du fait du détachement de deux compagnies) faisait alors partie du Corps de réserve. Elle prend ses cantonnements en avant de Thionville, à environ une lieue.
2 septembre 1792 – « La 10e Compagnie s’était réunie au Corps à Stadtbredimus. Il y eut quelques changements dans les Compagnies. Mon oncle, le comte de Cacqueray, fut nommé commandant de la 4e Division ».

Le 4, les Autrichiens somment la place de Thionville et commencent l’attaque et le bombardement le jour suivant.
Le 10, les Princes ayant reçu l’ordre de se joindre à l’armée du roi de Prusse avec toute leur cavalerie (sous les ordres du maréchal de Castries), celle-ci s’apprête au départ, à l’exception des deux compagnies de Saintonge et de Languedoc laissées sous les ordres du Maréchal de Broglie.
A partir du 11, mouvements sur Metz par un temps affreux ou sur des chemins gâtés par les pluies. Départ le 13 de Dompmarie pour gagner les faubourgs de Verdun. Faute de place, arrivée le soir au village de Dieu, sur la route de Saint-Mihiel et sur les bords de la Meuse. Le régiment Royal Allemand est cantonné dans un village situé sur l’autre rive. Mouvements sur Douaumont puis Dun. Le 17, l’escadron de la Marine se met en formation au bord de la route et ferme la marche du Maréchal de Castries qui passe avec le corps de cavalerie, sans attendre les Princes. Direction Vouziers. A une lieue de Villers, incident suite à un coup de fusil tiré par accident d’un petit village. Le comte de Vaugirad y marche avec ses deux compagnies puis rejoint l’ensemble de la cavalerie arrêtée à Beaugency d’où La Marine est renvoyée sur Renneville. Village dévasté du fait de la présence de l’armée prussienne arrivée huit jours plus tôt.

Le 19, poursuite du mouvement sur Vouziers en passant par la Croix-aux-Bois. L’escadron est commandé ce jour-là par le marquis de Vaudreuil. Le déplacement s’effectue dans l’après-midi sur deux colonnes : à droite, une colonne composée des Gardes du Corps, de Monsieur, du comte d’Artois, de la Brigade du Colonel Général et de Royal Allemand, et, à gauche, une autre réunissant les Mousquetaires, la Gendarmerie, la Brigade des Carabiniers et de l’escadron de la Marine. Vers 1 h du matin, le 20 septembre 1792, les deux colonnes se rejoignent à proximité du bourg de Sainte-Marie mais doivent bivouaquer faute de cantonnement ou d’équipages. Vent fort et temps froid depuis plusieurs jours.
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Message  Hughes de Bazouges Mar 19 Mar - 17:13

« Septembre 1792. Le 20, à la pointe du jour, le vent fit place à une petite pluie très froide, et toute l’armée se mit en marche sur deux colonnes. Depuis que nous avions quitté Vouziers, nous avions traversé la Champagne Pouilleuse, pays d’aspect le plus triste dans cette saison où la terre est entièrement dépouillée. On y voit à perte de vue que des champs et pas un seul buisson. A deux lieues de Sainte-Marie, près du village de Suippes, les différents corps de l’armée, après avoir fait dans la plaine immense une halte de près de deux heures, reçurent l’ordre de se rendre dans des cantonnements qui leur furent désignés. Le nôtre fut à Suippes, où était le Quartier-général, et nous y passâmes le reste de la journée et de la nuit ».
Le jour suivant, les émigrés reçoivent l’ordre de monter à cheval à 5h du matin : « à 6, toute l’armée se réunit dans une plaine sur la droite du chemin de Châlons et se forma par escadron sur deux colonnes dans l’ordre indiqué. On attendit longtemps la Brigade des Carabiniers qui avait été cantonnée beaucoup plus loin. On fit mettre pied à terre. A 7 heures, les Princes sortirent de Suippes. Ils vinrent passer devant tous les Corps et firent ensuite route pour Sainte-Menehould. Environ à midi, l’armée se mit en marche. Nous avions alors en vue, sur les hauteurs de la gauche, un corps de Prussiens et un convoi considérable qui se rendait à l’armée du roi de Prusse. A 2 heures, nous fîmes halte dans un fond, étant alors sur la même ligne que les armées autrichienne et prussienne, ayant de l’autre côté de la Montagne, à une lieue, l’armée des Rebelles. On mit pied à terre. Il faisait un temps sombre et froid. Nous restâmes dans cette position jusque après de 4 heures. Alors, les deux colonnes se séparèrent pour aller cantonner et bivouaquer. La nôtre fut à Somme-Tourbe, village très grand qui aurait pu nous offrir beaucoup de ressources s’il n’avait déjà été pillé par les Prussiens, et abandonné par les habitants. Il fut assigné des granges à chaque corps et les chevaux restèrent au piquet ".

Cette nuit-là, les Princes dormirent dans le même village, chez le curé, et une alerte eut lieu la nuit suivante. Le 23, à 01h00 du matin, en raison d’une méprise d’avant-poste, on battait la générale et tout le monde était à cheval un quart d’heure plus tard. Les corps demeurèrent sur place le jour suivant, les autres villages voisins étant déjà occupés par les Autrichiens. Le 24 enfin, l’escadron de la Marine se déplaça avec la Brigade de Colonel-général sur Saint-Jean, petit village situé à 2 km de Somme-Tourbe et sur le même ruisseau. Le principal obstacle rencontré par les émigrés étant celui de l’approvisionnement, ils n’hésitèrent pas à aller eux-mêmes battre les blés pour en récupérer de quoi faire leur propre farine, après avoir apporté leur récolte jusqu’aux moulins abandonnés.

A cette époque, le Maréchal de Broglie avait rejoint les Princes à la tête des Chevau-légers, renfort bien inutile.

Les cavaliers de la Marine demeurèrent en effet encore cinq jours dans la même position et dans la plus cruelle expectative, les émigrés étant gardés dans l’ignorance totale des tractations qui avaient lieu entre le camp de Dumouriez et celui du duc de Brunswick, échanges qu’ils ne pouvaient ignorer, se trouvant à une lieue du camp du roi de Prusse et sachant que l’on y voyait chaque jour des émissaires portant la cocarde tricolore… Le 29 enfin arriva l’ordre de se préparer pour le lendemain matin afin d’effectuer un mouvement rétrograde qui ne laissait guère d’illusion sur le sort de cette campagne. Le 30, l’escadron, commandé par le comte de Caraman, bivouaqua dans une prairie voisine du château d’Aure tandis que le reste de la cavalerie occupait ce château et le village. « Dans la soirée, nous entendîmes beaucoup de coups de canon. On sut, par la suite, qu’ils avaient été tirés du camp de Dumouriez, en réjouissance de la retraite des armées… »
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Le corps de la Marine (1791-1792) Empty Le corps de la Marine (dissolution de l’armée des Princes et dispersion)

Message  Hughes de Bazouges Jeu 21 Mar - 16:28

Jusqu’au 29 septembre, les émigrés avaient encore espéré que le bruit du canon qui roulait au loin leur apporterait le signal du combat, mais la marche rétrograde entamée le 1er octobre 1792 sur Vouziers ne laissa plus la place à la moindre illusion. Après avoir gagné le village de Blaise, l’escadron poursuivit sa retraite par la route de Sedan et gagna le bourg d’Oteh qui lui avait été désigné.

Bien plus, les émigrés se trouvaient désormais pourchassés ou susceptibles de tomber à tout moment sur un parti de patriotes qui chercherait à leur couper l’accès à la frontière. Le 5 octobre, alors que l’escadron se dirigeait vers Ston, il entendit ainsi le bruit du canon et apprit que la brigade de Colonel-général et les Gardes du Corps avaient été attaqués non loin du château de Sye où se trouvaient les Princes et leur état-major. La Brigade irlandaise fut dépêchée avec les hussards, et les Bleus se replièrent rapidement. L’escarmouche avait fait plus de peur que de mal : trois chevaux tués chez les gardes du corps mais aucun blessé chez les émigrés.
Pour la première et la dernière fois, les officiers de la Marine se trouvèrent le même jour en présence de l’ennemi qui s’était établi dans la plaine située en avant du village de Ston. Le maréchal de Broglie refusa de les attaquer malgré les moyens dont il disposait et l’on se contenta de faire fouiller les bois par des unités de l’infanterie et des hussards (outre ses corps de cavalerie, l’armée ne comptait que la Brigade irlandaise, la compagnie de Rouen et celle de Vexin-infanterie, et un peu d’artillerie, soit à peine un millier d’hommes). Les Patriotes y laissèrent quelques hommes et se replièrent rapidement dès que toute la cavalerie surgit sur les hauteurs qui leur faisaient face.

Les cavaliers royalistes poursuivirent leur repli sur Stenay où ils passèrent la Meuse dans l’après-midi, puis poursuivirent jusqu’au village de Balon où ils bivouaquèrent trois jours. Au cours de ce séjour, l’escadron apprit la perte de deux cavaliers, Messieurs Derval, Lieutenant de vaisseau, et Thibeau, gentilhomme, qui s’étaient séparés de leur corps au départ d’Oteh, avaient été arrêtés par les Patriotes et massacrés sur le champ.

Le 9, toujours éclairée par des détachements autrichiens chargés de prévenir toute surprise dans un pays coupé de forêts et de montagnes, l’armée des Princes se dirigea vers Villers-le-Rond qu’elle n’atteignit que le jour suivant après avoir dépassé Montmédy. Après Longuyon, où l’on croisa les hôpitaux prussiens qui faisaient route pour Longwy, et La Grandville, les émigrés gagnèrent à leur tour Longwy par des routes défoncées et dans lesquelles les montures s’enfonçaient jusqu’au jarret : « on ne voyait tout le long de la route que des voitures embourbées ou brisées, ou des chevaux morts de fatigue ». A midi, enfin, on repassa la frontière de Luxembourg et l’on gagna dans la soirée le cantonnement attribué à 2 km d’Arlon. Dès le 13 octobre, alors que l’escadron recevait l’ordre de se rendre à Eslingen, les demandes de congé se multipliaient car il ne faisait plus aucun doute que les Princes se verraient contraints de licencier leur armée, ce qui advint finalement le 24 novembre 1792.

Dès lors, les officiers du corps de la Marine se dispersèrent en fonction de la présence ou non de leur famille dans les Pays-Bas autrichiens (en particulier à Bruxelles), les Provinces Unies ou sur les bords du Rhin, des moyens qu’il leur restait, de leur combattivité (certains gagnant alors l’armée de Condé en Allemagne), ou des expédients qu’ils devaient trouver pour regagner la France par les côtes. C’est ainsi qu’un certain nombre se trouvèrent pris au piège à Maëstricht lorsque les troupes du général Miranda, agissant sous les ordres de Dumouriez, vinrent assiéger la place. Dès mi-février, les émigrés (près de 1200) constituèrent un « Régiment de Maëstricht » dans lequel les officiers de la Marine furent réunis à ceux de l’Artillerie et du Génie pour faire le service des batteries.
La levée du siège de Maëstricht par les troupes autrichiennes, le 3 mars 1793, entraîna un nouvel exode de la cinquantaine de marins qui s’y étaient trouvés et avaient servi avec distinction. On ici trouvera leur liste exacte (à la condition de lire « Cacqueray de Valménier » au lieu de « Caqueray de Valovenie »)...

[img]Le corps de la Marine (1791-1792) Maastr11
[img][url=https://servimg.com/view/18050444/8]Le corps de la Marine (1791-1792) Maastr12
[/img]

Dans un prochain article, nous montrerons l’extrême diversité de destins que connurent ces officiers émigrés. Si l’on considère que le nombre des officiers de la Marine était d’environ 1300 au moment de la Révolution, et celui des élèves-officiers de 360, et qu’au moins 900 d’entre-eux émigrèrent, la « Légion de la Marine » ayant servi au sein de l’armée des Princes (environ 700) en réunit donc environ 45%.
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Le corps de la Marine (1791-1792) Empty Re: Le corps de la Marine (1791-1792)

Message  Pierre Baptiste Mar 26 Mar - 10:55

Un plaisir de lire cette série d'articles sur un corps réellement méconnu !
Merci ! allezsehri
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Le corps de la Marine (1791-1792) Empty Re: Le corps de la Marine (1791-1792)

Message  Laurent Mar 26 Mar - 13:05

Bonjour, j'ai bien reçu et majoré Hughes

Une seule remarque : Une unité = un seul post c'est pour éviter le désordre et que tout soit bien réuni au même endroit, merci d'avance !


http://volontaires.99k.org/legiondelamarine/index.html

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